Bienheureux Henri Vergès
témoin de la fraternité en Algérie
Extrait
La vie en abondance
Mgr Henri Teissier, archevêque d’Alger (1988- 2008), était très lié à Henri et appréciait énormément son dévouement à sa vocation de frère éducateur. Il a connu Henri dès son arrivée en Algérie en 1969. Comme évêque coadjuteur d’Alger (1980- 1988), Mgr Teissier lui rendait visite régulièrement à Sour-El-Ghozlane. À son retour à Alger en 1988, c’est Mgr Teissier qui encouragea Henri dans ses efforts pour refonder la bibliothèque rue Ben Cheneb, cédée par les pères blancs à l’archidiocèse. Je lui ai demandé :
Quel est votre souvenir de frère Henri ? C’était un homme qui faisait vraiment tout jusqu’au bout, tout ce qui était son devoir, il le faisait jusqu’au bout ; il faisait jusqu’au bout sa prière, il faisait jusqu’au bout sa préparation scolaire et d’enseignant ; il faisait jusqu’au bout sa relation avec les personnes qu’il connaissait quand il était à Sour-El-Ghozlane et après à la Casbah. C’est vraiment quelqu’un qui vivait dans la fidélité totale à tous les niveaux de son existence. C’est le premier qui a été victime de la violence, mais c’est certainement celui qui représentait la plus grande fidélité quotidienne dans tous les secteurs de sa vie. Il était là dans ce quartier de la Casbah, il était au service de ces jeunes lycéens. Donc c’était un peu, si vous voulez, la réaction, “ce sont les meilleurs qui sont frappés”. Il appartenait aussi donc comme vous le savez au groupe de spiritualité islamo-chrétien, le Ribât. Il s’acharnait à faire de l’arabe pour continuer à progresser. Il faisait tout avec son maximum de fidélité.
Une explication théologique à la présence d’Henri en Algérie, bien qu’elle soit indispensable, n’est pas suffisante en elle-même. Au final, la théologie doit déboucher sur la vie, exprimer la vie du Christ qui vit en nous, sinon cela risque d’être seulement un exercice intellectuel. Comme saint Jean nous l’enseigne, Jésus est venu pour que nous ayons la vie, et la vie en abondance (voir Jn 10,10). Alors Henri a bel et bien trouvé cette abondance de vie en Algérie ; il a fait l’expérience de la promesse énoncée par Mgr Teissier : « Progressivement, nous découvrons des amis, des frères. » Sans quoi, il n’aurait pas pu persévérer pendant ses cinq années de solitude à Sour-El-Ghozlane, et non seulement persévérer, mais s’épanouir. En bref, en aimant ses frères maristes, ses élèves, les gens du voisinage, tous ses frères et sœurs musulmans, Henri a découvert le chemin de l’amour, le seul chemin qui puisse nous faire vivre. Henri est resté en Algérie parce qu’il aimait et a été aimé ; il avait découvert « des amis, des frères ».
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Tables des matières
Préface……………………………………………………………………………………… 9
Avant-propos……………………………………………………………………………. 13
- L’imprévu d’une vocation…………………………………….. 19
- Un effacement crucifiant……………………………………. 33
- La spiritualité mariste…………………………………………… 51
- Une Église de la rencontre……………………………….. 67
- Un seul coeur et un seul esprit. Saint-Bonaventure 1970-1976……………………………………….. 89
- La vie cachée de Sour-el-ghozlane 1976-1988………… 109
- Un havre de paix dans la casbah1988-1994…………………. 131
- Le mystère de la rencontre………………………………. 149
- Mater le vieil homme………………………………………………. 165
- La fidélité jusqu’au bout…………………………………….. 181
Annexe. Communiqué des évêques d’Algérie……………… 197
Chronologie…………………………………………………………………………. 201
Remerciements……………………………………………………………………….205
