La Messe

au fil de la nouvelle traduction du Missel romain

Présentation

Ce parcours sur le sacrement de l’Eucharistie, enrichi par la récente et nouvelle traduction du Missel romain, se poursuivra et s’approfondira toujours au fil des célébrations, des préparations liturgiques, de la vie paroissiale et plus généralement de la vie et de la mission de l’Église, sans oublier l’intérêt que chacun porte aux sacrements de l’Église, particulièrement à l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne.

La nouvelle traduction du Missel romain, plus fidèle à l’édition typique latine, est à accueillir sereinement, à la suite de bien d’autres qui ont façonné le rite eucharistique que nous célébrons encore aujourd’hui. Il n’y a jamais eu de « messe de toujours » mais il y a la « messe de tous les jours » que nous vivons, qui nous fait vivre et nous nourrit. Comme l’écrivait le jésuite Henri de Lubac : « Pour que le fleuve de la tradition parvienne jusqu’à nous, il faut perpétuellement désensabler son lit. »

Heureux le baptisé qui accepte d’ouvrir la porte de son cœur et de son esprit pour nourrir sa foi et son espérance, pour dépasser les rudiments d’une initiation chrétienne remontant souvent au catéchisme de son enfance. Puisse cet ouvrage sur la Messe contribuer à l’intelligence de la foi autant qu’à l’intelligence de la liturgie du sacrement de l’Eucharistie.

Extrait

3. Procession d’entrée

Le rite de la procession d’entrée a fait dire au Père Joseph Gelineau, s.j. qu’un chrétien ne croit pas seulement avec sa tête mais aussi avec ses pieds. Le corps est un véhicule de la foi, si bien qu’une marche processionnelle nourrit son sens spirituel par de multiples symboles.

Exemple de marche et de procession civiles : Une marche blanche organisée par une famille, une association, un collectif, à la suite d’un drame ayant abouti à la mort d’une ou plusieurs personnes, se concrétise par une marche processionnelle qui met un groupe en chemin, vêtu souvent de vêtements blancs (d’où le nom de « marche blanche ») avant d’aboutir à un lieu-mémorial ou l’on pose parfois un geste symbolique qui rappellera à chacun le drame vécu, la solidarité, le vivre-ensemble, l’amitié, la force du silence, notamment par un dépôt de gerbes, une plaque commémorative, des banderoles, etc.

Il en est de même pour notre procession d’entrée de la messe qui met le croyant en chemin, sur un itinéraire de foi qui le conduit de la terre au ciel, vers la Jérusalem nouvelle, symbole de la destinée universelle de l’humanité et de l’univers créé. Thérèse de l’Enfant-Jésus disait quelques heures avant de mourir : Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie. La procession d’entrée est une marche symbolique vers la Vie éternelle. Les symboles utilisés au cours de la procession d’entrée parlent d’eux-mêmes. Et si nous les décrivons aujourd’hui par des mots et des explications – hors célébration – c’est pour mieux les recevoir et les comprendre quand nous participons a une célébration.

• La Croix est un des symboles majeurs du Christ mort et ressuscité et du Christ bon berger qui ouvre la route de l’humanité pour la conduire au ciel (Jn 14, 6) :

Jn 10, 11 : Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. Jn 14, 6 : Je suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne va vers le Père sans passer par moi. Mt 16, 24 : Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie (= se décentre de lui-même), qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive.

C’est pour cela que la croix est toujours en tête dans nos processions liturgiques (Christ-Tête). Derrière la croix du Christ se laissent entrevoir nos propres croix et les croix de tous les hommes. Mais dans la foi symbolisée ici par la croix, nous savons ou le Christ nous conduit : à la résurrection et à la vie éternelle. Il ouvre le chemin de notre divinisation.

• Derrière la croix est porté l’évangéliaire, différent du lectionnaire. L’évangeliaire est un grand et beau livre liturgique, esthétique, parfois richement enluminé, ou illustré plus sobrement. On le nomme « évangeliaire » parce qu’il ne contient que les évangiles des dimanches et fêtes qui sont proclamés au cours de la liturgie de la Parole. L’importance de l’évangeliaire ne vient pas du livre lui-même mais du message dont il est porteur, la Bonne Nouvelle du salut apporté par le Christ. Son importance matérielle et artistique dit quelque chose de la beauté même de l’Évangile, du Christ qui nous parle tandis que nous l’écoutons. C’est ce qui explique que l’évangeliaire est porté en procession par un diacre, entouré de cierges et de luminaires, mais aussi d’encens parfumé (prière). Le psalmiste chantait bien avant
nous :

Ps 118, 105 : Ta Parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route.

Au terme de la procession d’entrée, l’évangeliaire est déposé sur l’autel avant qu’il n’y soit repris pour la proclamation de l’Évangile.

La procession d’entrée, marquée visuellement par l’élévation de la croix et de l’évangeliaire, nous invite à considérer sans plus attendre les sept élévations faites au cours de l’Eucharistie. Le tableau ci-après nous aide a porter un triple regard sur les sept élévations :

• Sur les rubriques (en rouge) du Missel romain (nouvelle traduction) ;
• Sur le rite lui-même et son déroulement ;
• Sur le sens mystagogique (spirituel) des élévations.

Nous reviendrons sur le sens a donner a l’expression plusieurs fois mentionnée de « Corps du Christ ». En attendant, écoutons le catéchiste saint Augustin nous en parler à propos du « Corps du Christ » reçu en communion :

Si donc vous êtes le corps du Christ et ses membres, c’est votre propre symbole qui repose sur la table du Seigneur. C’est votre propre symbole que vous recevez. À ce que vous êtes, vous répondez « Amen », et cette réponse marque votre adhésion. Tu entends : « le corps du Christ », et tu réponds « Amen ». Sois un membre du corps du Christ afin que ton « Amen » soit vrai.

Revenons au rite de la procession d’entrée…

Derrière la croix et l’évangeliaire, marchent en procession les célébrants, les clercs, les enfants de chœur, des laïcs. Ensemble, ils forment l’Église, image de la foule immense que nul ne pouvait dénombrer, selon la vision de Jean dans l’Apocalypse (7, 9). Ceux qui processionnent exercent le plus souvent une fonction ou accomplissent un des nombreux ministères liturgiques au service de l’assemblée eucharistique : lecteurs, chantre, psalmiste, musiciens, accueillants, ministres extraordinaires de l’Eucharistie, catéchistes, enfants, jeunes, personnes âgées, malades… C’est le beau visage d’une Église vivante et en marche vers son Seigneur. Écoutons le témoignage émouvant d’une personne qui a participé pour la première fois à un pèlerinage diocésain à Lourdes en 2023. Parmi les nombreuses grâces spirituelles reçues, elle écrit :

La « messe internationale », concélébrée dans l’immense basilique souterraine Saint Pie X, s’est ouverte par une longue procession de prêtres, plus d’une centaine je pense, revêtus des vêtements sacerdotaux rituels et immaculés… Ce fut comme une vision de l’Église embrassant l’Univers, en l’occurrence, d’abord nous, les pèlerins, malades ou valides, en marche vers l’Éternité, élargie au Monde tout entier, pour l’offrir au Dieu Trinitaire, Père, Fils et Esprit, depuis la nuit des Temps…

Notre pèlerine nous offre ici une véritable catéchèse mystagogique !

[…]

Tables des matières

AVANT-PROPOS………………………………………………………………………………………………….. 5

ABRÉVIATIONS UTILISÉES : …………………………………………………………………… 6

INTRODUCTION. RITES ET SYMBOLES…………………………………………… 7

1) La notion de « rite » …………………………………………………………………….. 7
2) Les caractéristiques du rite……………………………………………………. 8
a) Le rite est une action……………………………………………………………… 8
b) Le rite est hétérotopique……………………………………………………. 8
c) Le rite est répétitif, réitérable…………………………………………. 9
d) Le rite est économique…………………………………………………………. 10
e) Le rite fonctionne comme un index : il positionne une personne………….. 11
3) La notion de symbole………………………………………………………………….. 12
a) Étymologie et origine…………………………………………………………….. 12
b) Différence entre signe et symbole……………………………… 14

1. RITES INITIAUX………………………………………………………………………………………… 17
1. Quand les chrétiens se rassemblent le dimanche. 17
2. Rite d’entrée : passage de la terre au ciel………………….. 18
3. Procession d’entrée……………………………………………………………………….. 19
4. Chant d’entrée……………………………………………………………………………………. 27
5. Trois formules de salutation liturgique…………………….. 29
6. Acte pénitentiel…………………………………………………………………………………. 33
7. Hymne Gloire à Dieu…………………………………………………………………… 50
8. Prière d’ouverture…………………………………………………………………………… 53
9.Amen……………………………………………………………………………. 55
a) Dans l’Ancien Testament (34 emplois) ………………… 56
b) Dans le Nouveau Testament (28 emplois) ……….. 56
c) Dans la liturgie…………………………………………………………………………… 58
Conclusion sur les Rites initiaux……………………………………………. 59

2. LITURGIE DE LA PAROLE………………………………………………………………… 61
1. Parole de Dieu, Parole d’Alliance : d’hier à aujourd’hui…………………… 64
2. La Parole de Dieu est créatrice………………………………………….. 65
3. Unité entre Parole et Pain eucharistique………………… 67
4. Un acte de communication entre Dieu et l’assemblée……… 70
5. Homélie…………………………………………………………………………………………. 75
6. Profession de foi………………………………………………………………………………. 76
7. Prière universelle ou prière des fidèles………………………. 79

3. LITURGIE EUCHARISTIQUE……………………………………………………………. 85
1. L’œuvre du Père (bénir) – L’œuvre de l’Église (bénir, louer) ……….. 85
2. L’œuvre du Fils (rédemption) – L’œuvre de
l’Église (faire mémoire)……………………………………………………………. 87
3. L’œuvre de l’Esprit (sanctifier) – L’œuvre
de l’Église (invoquer, intercéder)……………………………………………….. 96
4. Le sacrifice du Christ…………………………………………………………………… 99
5. Présentation des dons…………………………………………………………………. 101
6. Prière sur les offrandes………………………………………………………………. 106
7. Prière eucharistique……………………………………………………………………… 107
a) Dialogue initial…………………………………………………………………… 108
b) Préface……………………………………………………. 109
c) Sanctus, Hosanna, Benedictus………………………………….. 110
d) Post-Sanctus……………………………… 116
e) Deux épiclèses eucharistiques……………………………………. 117
f) Récit de l’institution et paroles de consécration………… 118
g) Mémorial de notre rédemption………………………………… 131
h) Intercessions et supplications…………………………………….. 133
i) Doxologie………………………………………… 135

4. RITE DE LA COMMUNION……………………………………………………………….. 137
1. Deux embolismes après le Notre Père : ……………………. 140
2. Agneau de Dieu………………………………………………………………………………… 146
3. Le Corps du Christ………………………………………………………………………… 151
4. « Amen » après avoir reçu le Corps du Christ……. 162
5. Prière après la communion…………………………………………………… 163

5. RITE DE CONCLUSION…………………………………………………………………………. 167
1. Le renvoi est un envoi………………………………………………………………… 167
2. Prières sur le peuple……………………………………………………………………… 169
3. Bénédiction finale…………………………………………………………………………… 169
4. Allez dans la paix du Christ………………………………………………….. 171

CONCLUSION……………………………………… 173

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE…………………………………………………………………… 175

La Messe

Jean Philibert

Editions Médiaspaul

184 p. – 18€

https://mediaspaul.fr/