La vie est croissance
« Ce qui m’intéresse, c’est la vie. Je considère que la vie est croissance, et que la croissance se vit à tous les niveaux de notre être. Finalement, il s’agit toujours de croître dans l’amour : amour de Dieu et du prochain. Cela implique de sortir de soi, de surmonter les difficultés, de se dépasser et de poursuivre son chemin dans un don de soi toujours renouvelé. Animée par cette conviction et forte de ma longue carrière en tant que travailleuse sociale, j’ai rédigé, pendant plus de trente ans, des « pistes de croissance », comme s’intitulait la chronique qui regroupait ces articles dans la revue Signes. »
– Monique Viau
Extrait
Être vrai
En quittant la maison, fatigué et la tête lourde de soucis, je rencontre ma voisine. Elle me demande tout bonnement : « Comment vas-tu ? » Je lui réponds : « Ça va bien », et lui retourne aimablement la politesse. Ai-je dit la vérité ? Et ma voisine, désirait-elle un portrait complet de mon état actuel ? Comme nous le voyons, ces formules de courtoisie ne sont pas à prendre au pied de la lettre. Ce sont d’utiles conventions sociales.
De même, je ne dirai pas à mon ami : « Je n’aime pas le cadeau que tu m’as donné. » Je le remercierai plutôt gentiment. Est-ce un mensonge ? Dois-je exprimer tous mes sentiments, à chacun et sur-le-champ ? Une secrétaire ne se mettra pas en frais d’expliquer à chacun pourquoi son patron ne peut le recevoir aujourd’hui. Elle répondra simplement : « Je regrette, il est absent. »
Ces expressions courantes empêchent-elles d’être vrai ? Pas nécessairement. Souvent même, elles seront le point de départ d’une bonne conversation plus authentique. Jésus lui-même a utilisé ces procédés. Relisez ses propos à sa parenté lors de la fête des Tentes (voir Jn 7, 8-10), ou encore son stratagème avec les disciples d’Emmaüs (voir Lc 24, 28).
La loyauté en péril
Mais il y a bien d’autres situations où, pour diverses raisons, mes paroles sont teintées de mensonges ou de demi-vérités. En voici quelques exemples.
Besoin de me protéger
Pour éviter un blâme, j’affirme avoir ignoré une directive, alors que j’étais au courant de tout. Je peux mentir aussi pour éviter une dévalorisation, un mépris, une blessure, un rejet, etc.
Souci de ménager mon interlocuteur
Je rassure à bon compte une personne qui a commis une erreur grave par manque d’attention : « Mais non, tu n’as rien à te reprocher, tu n’as pas fait exprès… » Je peux agir de même face à la maladie d’un de mes proches ou à l’éventualité d’une mort prochaine. Bien sûr, toute vérité n’est pas à dire brutalement, mais ne faut-il pas aider les gens à faire la lumière ?
Désir d’éviter un conflit
Mon mari et moi voulons discerner si nous déménagerons, mais je n’exprime pas un point de vue important pour moi, par crainte d’une vive réaction de sa part. À la longue, ces non-dits seront néfastes pour notre couple.
Préoccupation d’embellir mon image
J’évite soigneusement tout ce qui peut révéler une faiblesse, une erreur, une limite personnelle, et même je parle de mon vécu de manière à produire l’effet désiré. De cette façon, les gens m’apprécient et m’aiment. Mais s’ils sont dans l’erreur, qu’est-ce que je gagne ?
Envie de profiter d’avantages
Enfin, il y a des cas où la malhonnêteté est flagrante :
- Raconter une histoire pour bénéficier d’une réduction à laquelle je n’ai pas droit.
- Fausser ma déclaration de revenus.
- Falsifier mes demandes de remboursement ou autres pour frais de restaurants.
- Changer ma date de naissance pour bénéficier d’avantages sociaux.
- Ne pas déclarer une erreur de facturation à mon profit.
- Acheter à bon compte des objets que je soupçonne être volés, etc.
Devenir foncièrement loyal
La loyauté constitue une vertu sociale importante à cultiver. Un premier pas consiste à me voir tel que je suis. Quand j’évalue mes activités, inutile de me leurrer. Le Seigneur, « qui voit dans le secret » (Mt 6, 6), sait de quoi je suis pétri.
Je peux aussi travailler mes vulnérabilités en m’exerçant à risquer des interventions plus délicates, ou redoutables pour moi. Les occasions de croissance qui me sont offertes par la vie en société sont multiples, si je sais les exploiter.
J’ai encore à faciliter la tâche de ceux qui veulent m’éclairer ou m’interpeller. Si, chaque fois, ils doivent affronter une forte réaction émotive, ils n’auront peut-être pas le courage de me dire la vérité.
Enfin, c’est ma responsabilité de promouvoir une plus grande loyauté dans mon milieu, en favorisant le climat de confiance nécessaire et en ne craignant pas d’interpeller ou d’affirmer mes convictions personnelles.
Un beau défi à relever !
Tables des matières
Présentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1 – Joie et courage d’être soi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Qui suis-je ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Être vrai . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Corps et esprit : un tout cohérent ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Une vision réaliste de ma vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Sous le fard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Que penser de mes limites ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
Émerger de mes blessures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Je suis déçu ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
De la faiblesse à la communion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
L’art de s’affirmer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Témoigner, d’accord ! Mais comment ? . . . . . . . . . . . . . . 43
Je suis trop timide ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Et s’il faut m’opposer ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
Ces jugements qu’on porte sur moi… . . . . . . . . . . . . . . . . 54
Pour n’être pas emporté par le courant . . . . . . . . . . . . . . 57
Spectateur impuissant ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
Face à la critique de l’Église . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
2 – L’art de la relation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
Une question de regard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
Bien plus qu’utile ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
Un préjugé de bienveillance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Petit code des relations harmonieuses . . . . . . . . . . . . . . 80
Trois mots-clés du vivre-ensemble . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Écoute-moi ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
L’écoute empathique pour mieux comprendre et aimer. . . . 88
Suis-je de bon ton ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Enrichir mes conversations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
Et les limites des autres ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Ajuster mes attentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
Juger ou espérer ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
La tolérance à tout prix ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
A-t-on vraiment besoin de moi ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Nous aimer différents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
Ensemble, on va plus loin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
Un cœur affable, quelle grâce ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
Cultiver l’humour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
Un cœur de bonté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
Pour un climat de gratitude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
Mon amour est-il gratuit ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
Semeur de petits bonheurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
3 – Au creuset du quotidien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
Prendre le temps… de vivre ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
Mieux gérer mon temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
La ponctualité, toujours bienvenue ! . . . . . . . . . . . . . . 146
Est-ce prioritaire ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
Choisir de perdre du temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
Je cours tout le temps ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
Embourbé dans mes papiers ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
Être compétent, pourquoi ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
Le souci de l’exactitude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
Consciencieux ou perfectionniste ? . . . . . . . . . . . . . . . 168
Me recentrer sur l’essentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
Venez à table ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
C’est utile, puisque c’est joli ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
Pour mieux vivre ensemble : le civisme . . . . . . . . . . . . 180
Ah non ! j’ai oublié ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
La patience au volant… de ma vie . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
Courage ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
Désarmer ma colère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
Les mille visages de la paresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200
La critique, une chance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
Puis-je diminuer mon stress ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
Une saine fatigue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209
L’argent, maître ou serviteur ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213
Simplifions notre vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216
Enchaîné par des bagatelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
Dois-je prendre la plume ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
Dix conseils pour rester serein . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227
4 – Grandir en humanité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
Trois attitudes gagnantes face à la vie . . . . . . . . . . . . . 235
D’une victoire… à l’autre ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
Grandir dans la liberté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242
Des espaces de silence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
Orienter mon regard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248
Maître chez moi ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251
Suis-je décidé ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254
De sains désirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257
La douceur, une force . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 260
Canaliser ma curiosité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263
À la remorque de mes pensées ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 266
Bons et mauvais soucis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270
Construire au présent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273
Les détachements, chemins de libération . . . . . . . . . 276
La santé à tout prix ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 279
Vieillir, comme un soir paisible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 282
« Soyez toujours dans la joie » (1 Th 5, 16)…
Vraiment possible ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 285
Persévérer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 288
Progresser ? Oui. Toujours ? Ouf ! . . . . . . . . . . . . . . . . . 291
La revue Signes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 294
